Auvergne-Rhône-Alpes, Paca Effervescence industrielle
Les opérateurs régionaux débordent d'investissements industriels dans les filières meunerie, chanvre et protéines végétales.
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Après le Covid, les acteurs de l'appro-collecte du quart Sud-Est se relancent en jouant à fond le Plan de relance. Les coopératives agricoles de la région ont su particulièrement se saisir de cette opportunité, et appuyées par des subventions, investissent actuellement plus de 75 M€ dans des outils industriels et des projets de structuration au service des filières. C’est ainsi que sont accompagnés 21 projets de modernisation d’abattoirs, notamment chez Sicarev (12 M€ pour Tradival), Sicaba (4,2 M€ sur le site de Vichy, acquis en 2020) et Covial, le pôle viande d'Altitude (4,4 M€), ainsi que 17 projets de structuration de filière.
Trituration à tout-va
Dans ce cadre, pas moins de trois unités de trituration sortent de terre pour un montant total des investissements de 23 M€, dont plus de 5 M€ d'aides, et un potentiel de consommation de 60 000 t de graines oléagineuses locales, avec doublement possible à terme. La première, celle de l'Ucal, dans l'Allier, est opérationnelle depuis cet été pour transformer 30 000 t/an de graines (a priori 13 000 t/an de colza, 13 000 t de tournesol et 4 000 t de soja) en 19 000 t de tourteaux et 9 000 t d'huile. L’originalité d'Ucal Stockage et Protéines, structure qui porte l’outil, réside dans la présence, au niveau du process, d’un impacteur, une machine capable de décortiquer le colza et le tournesol, et donc de produire des tourteaux high pro, plus riches en protéines que les tourteaux standards. « Nous sommes la première usine française, et sûrement européenne, à pouvoir décortiquer du colza », se félicite Yves Courrier, DG de Coopaca et d’Ucal Stockage et Protéines.
Les coopératives Bresse Mâconnais, Capdis et Jura Mont-Blanc, se sont de leur côté associées pour un projet d’unité de trituration de graines oléoprotéagineuses dans l'Ain. Ce projet de plus 5 M€ d'investissement est porté par leur filiale commune, Nutralp, créée en 2021. L’objectif de l’unité, qui devrait être opérationnelle pour la collecte 2023, est de transformer 15 000 t de graines oléagineuses permettant de fabriquer de l'huile à destination de l'alimentation humaine et des tourteaux pour l'alimentation animale locale. « Les approches d'Ucal et Nutralp sont similaires, analyse Jean de Balathier, directeur de LCA Auvergne-Rhône-Alpes. Elles travaillent les trois graines et ont fait le choix de commercialiser elles-mêmes leur huile en développant leur propre clientèle. »
Oxyane a fait un choix différent, celui du soja et de la commercialisation des huiles via un partenariat avec Avril. La coopérative investit 7,5 M€ dans une unité de trituration à la Côte-Saint-André (Isère), à proximité de son site industriel de stockage de céréales et son usine d’aliments du bétail. L’outil, prévu pour démarrer d'ici la fin de l'année, aura, dans un premier temps, une capacité de traitement de 25 000 t/an de graines de soja conventionnel ou bio. Il va mettre en œuvre une technologie innovante de dépelliculage de graines et un procédé de séparation de l’huile par pression mécanique après cuisson, sans utilisation de solvant.
Limagrain, un moulin et des légumineuses
Mais la réalisation la plus conséquente au niveau régional est sans conteste le moulin flambant neuf de Limagrain à Saint-Ignat, représentant 24 M€ d'investissement. Il est doté d’une capacité d'écrasement de 110 000 t/an, ou 350 t/jour, soit un rendement de + 1 à + 1,5 % par rapport aux deux moulins historiques du groupe qui ont été fermés. La farine qui en est issue est destinée à la boulangerie industrielle à 88 %, dont Jacquet Brossard à 82 %, et à la boulangerie artisanale régionale. Dans un autre registre, Limagrain a lancé le projet Atletic, qui vise à encourager l'amélioration génétique du pois et du haricot, le développement de la culture des légumineuses et la recherche de critères de valorisation à destination de l’industrie alimentaire. Enfin, en Paca, les opérateurs planchent sur la création d'une filière orge brassicole et l'installation potentielle d'une malterie autour de Forcalquier.
Cholat chef de file du chanvre
Le négoce n'est pas en reste avec la mise sur pied d’une filière chanvre en Auvergne-Rhône-Alpes, dont la Maison François Cholat est le chef de file. Elle se concrétise par la création de la société Pépites, dirigée par Arnaud Charpentier (ex-directeur de Gâtichanvre), et dont l'objectif est d'investir (8,5 M€) dans une chanvrière à Morestel (Isère), avec une mise en route planifiée début 2024. Dans cette filiale de Cholat, chaque partenaire de l’amont ou de l’aval, s’il le souhaite, pourra entrer au capital. « Nous nous sommes tournés vers Oxyane et le Groupe Bernard, fait savoir François Claude Cholat, président du négoce isérois, et nous avons reçu une réponse favorable de leur part pour participer activement au projet. »
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